jeudi 13 février 2014

Un bel après-midi à la cathédrale Saint-Etienne

C'est vers 15h30 que nous avons accueilli l'association Promouvoir Saint-Amand, les Amis de Saint-Amand et nos adhérents. Environ quarante personnes étaient présentes.


Jean FUSIER nous a conté l'histoire de la cathédrale Saint-Etienne de ses origines à nos jours.

Saint-Memmie, premier évêque de la cité de Durocatalaunum dans la Gaule Belgique, fit élever la première cathédrale au IVème siècle. L'emplacement actuel serait le site d'origine. Peut-être, comme nous l'indique Michel Chossenot dans un article que nous publierons dans notre prochain bulletin, a-t-elle remplacé un casernement de cavaliers dalmates. Ce détachement composé de cinq cents hommes participait à une défense mobile des régions conquises par les troupes romaines. Ces soldats appartenaient à la Vème légion dalmate venant de Dalmatie, actuelle Croatie.

Sa position était centrale à cette époque ce qui n'est plus le cas aujourd'hui car la ville durant les siècles suivants s'est étendue vers l'est.

Les traces les plus anciennes datent du début du XIIème siècle. Guillaume de Champeaux fit élever une grande cathédrale romane qui avait les mêmes proportions que notre cathédrale actuelle. Guillaume, avant sa nomination comme évêque de Châlons, fut grand écolâtre à Notre-Dame-de-Paris et considéré par ses contemporains comme le plus grand penseur de son temps. La crypte et la tour nord de la cathédrale sont les seuls vestiges de cette grande cathédrale romane. Car en 1230 un terrible incendie détruisit en grande partie la cathédrale. 


La ville, au XIIIème siècle, est une ville très prospère grâce notamment à sa production de draps en lainage finement tissé exportée dans une partie du bassin méditerranéen. C'était une ville qu'on appelait alors drapante.

Le chapitre cathédral décida de réunir des fonds avec l'aide de la fabrique pour la construction d'un nouvel édifice gothique et à partir de 1240 le gothique rayonnant fit de notre cathédrale un écrin de lumière comme nous avons pu le constater en fin d'après-midi au-dessus du grand orgue. Malgré le temps maussade, la nef de l'édifice rayonnait d'un halo d'une pâleur laiteuse sur le bel instrument. 

Le gothique rayonnant donne la part belle aux verrières et la construction de pierre n'est plus que le support des vitraux. Admirables témoignages dans la cathédrale de cette époque que sont le bras nord du transept et la nef.

 

La construction s'acheva en 1634 avec un portail monumental délaissant le style gothique pour adopter le style classique.

En 1668 la foudre provoqua un incendie dans la charpente de la tour nord romane qui s'écroula sur la voûte du chœur qui elle aussi tomba à terre. Reconstruction dans l'année de cette voûte d'ogives très éloignée de la voûte d'origine. Et très bien datée car la date de 1668 apparaît en chiffres très lisibles.

Après cette présentation passionnante notre groupe fut scindé en deux.

Sylvain MIKUS commença sa communication sur le grand orgue, près de celui-ci, et relayé par un micro HF, ce qui permit aux quinze personnes restées dans la nef de l'entendre distinctement. Sylvain connaît bien cet instrument car il a participé à sa restauration par ses recherches et ses analyses historiques préalables.


Cet orgue date de 1849 et a une sonorité unique sans équivalent en France. Il est l'œuvre du facteur d'orgue John Abbey et de ses fils. Sylvain a su nous passionner par ses explications sur la complexité de cet orgue symphonique exceptionnel. Sa sonorité ne peut être comparée à aucune autre. Doté d'un tirage de jeux assisté pneumatiquement et d'une alimentation à pressions multiples très sophistiquée, l'orgue intègre une quantité exceptionnelle de pièces d'étanchéité en peau d'agneau d'où sa relative fragilité. Crevaisons et fuites.

A l'issue de son intervention Sylvain nous a enchantés d'un morceau d'orgue qui a révélé son grand talent d'organiste.

L'autre groupe se trouvait dans la salle du trésor de la cathédrale, accompagné par Monsieur Jean FUSIER. Cette salle basse de la tour romane du XIIème siècle était en réalité une chapelle dédiée à l'apôtre Barthelémy. Au sol, dans un encadrement, l'on peut voir une partie du pavage originel joliment appareillée en pierres de trois couleurs. Ces vestiges sont exceptionnels au même titre que la voûte d'ogives qui est la première exécutée en Champagne à partir de 1130. Elle ne possède pas de clef et ses extrémités reposent directement dans la maçonnerie et non pas sur un chapiteau ou une colonnette engagée. Que dire enfin de ces trois verrières présentes dans ce lieu.
 
La verrière de la Crucifixion est l'un des plus anciens vitraux de notre pays. Sa composition est d'une infinie richesse et le maître verrier d'un grand talent. Cette œuvre se trouvait dans l'axe du chœur de la cathédrale romane et donc destinée aux chanoines. Le commun des mortels de l'époque aurait eu beaucoup de difficultés à en appréhender le programme !

Les couleurs rouge et verte particulièrement chaudes sont très symboliques. Le rouge, couleur du sang, le vert de la croix, couleur de l'arbre de vie... Jean FUSIER nous a tout expliqué.

                                                                                                  Photos Michèle Jacquet

Après ces délicieux moments de découvertes, nous nous sommes tous retrouvés dans la sacristie pour y boire un café ou un thé. Boissons chaudes bienvenues pour nous réchauffer. Nous avons eu le plaisir d'accueillir chez lui Monseigneur Gilbert LOUIS accompagné de Monseigneur l'évêque de Pontoise.

Vraiment un bien bel après-midi. Merci à tous, intervenants et participants pour le succès de cette manifestation.

A très bientôt.

Claude Lafauche