Au gré de la vallée de la Soude, découverte des églises de Dommartin-Lettrée, de Bussy-Lettrée et de la chapelle de Lettrée
Le nom Lettrée, commun aux trois sites visités, tire son origine de la voie romaine qui reliait Châlons à Troyes. En latin la voie romaine se disait via strata, voie empierrée, ce qui a donné en vieux français l'étrée. De nombreux noms de villages reprennent ce terme sous différentes formes.
Jean Fusier nous attendait dans l'église de Dommartin-Lettrée. Nicole Collard accueillit notre groupe avec gentillesse et prévenance. La petite pluie fine qui tombait et le passage d'un gros avion
au-dessus de l'église ne nous ont même pas découragés...
au-dessus de l'église ne nous ont même pas découragés...
La clarté de l'église est surprenante, ainsi que l'ampleur de ses volumes. Sa construction débuta au début du XVIe siècle pour se terminer vers 1560. Les architectes de la Renaissance ont eu l'intelligence de conserver les colonnettes d'angle du chevet en témoignage de l'édifice précédent datant du XIIIe siècle..
Son unité n'est qu'apparente puisque l'église fut construite en deux phases.
Vers 1500 l'on construisit le choeur et le transept proche de celui-ci dans le style flamboyant de l'époque.
Quant au second transept, la nef et la façade ont été construites entre 1550 et 1560 dans le style Renaissance.
L'on admirera, à l'extérieur, la rangée de pignons triangulaires qui donne à l'église Saint-Martin son allure majestueuse. Deux portails Renaissance s'ouvrent sur l'extérieur dont celui du sud abrité sous un porche. Dans l'unique voussure de son tympan sont représentés les douze apôtres groupés deux par deux. Les iconoclastes de la révolution française ont eu le bon goût d'épargner quelques symboles pour pouvoir aujourd'hui identifier certains d'entre eux : St André avec la croix, St Thomas avec une équerre, St Simon avec une scie, St Mathieu avec une hallebarde et une bourse, St Jacques le Mineur avec un bâton de pélerin et St Paul avec une épée.
Rentrons de nouveau dans l'église Saint-Martin : Tel un écrin elle contient quatre magnifiques statues : un christ en croix émouvant et une très belle vierge à l'enfant datant de l'an 1500, Saint-Martin, statue mutilée du XVIe siècle mais d'une très grande qualité et une très élégante et jolie Sainte-Marguerite sculptée vers 1500.
Saint-Martin, patron de l'église, était le fils d'un haut dignitaire militaire romain. Il naquit, en 316, en Hongrie, et se convertit très tôt au christianisme. Il embrassa la carrière militaire pour ne pas déplaire à son père et fut muté en Gaule pour sa parfaite connaissance de la région et de ses habitants. Il est dit qu'au cours d'une terrible nuit d'hiver il partagea son manteau avec un indigent, du moins sa doublure. Peu de temps après, le Christ lui serait apparu vêtu d'une partie de son manteau. Le glaive, fabriqué pour donner la mort, devint par ce geste de partage un objet de rédemption. Ermite ensuite, il devint évêque de la ville de Tours à son corps défendant, puisqu'il fut enlevé par les habitants et placé sur le trône épiscopal.
Quant à Sainte-Marguerite, elle était la fille d'un prêtre latin païen et, comme Martin, elle se convertit très tôt à la nouvelle religion. Son père, de colère, l'a mise à la porte et elle devint bergère dans la province d'Antioche où sévissait le bien nommé Olibrius.Le gouverneur romain de cette province, trouvant la demoiselle fort à son goût, la demanda, à plusieurs reprises, en mariage, et bien évidemment elle refusa ses avances.
De colère, il la fit emprisonner et lui fit subir une véritable passion dont celle d'être avalée vive par un dragon. Grâce à la croix qu'elle portait au cou, elle put ouvrir le ventre le la bête et en sortir indemne. C'est cet épisode qui est relaté, où l'on voit la jeune fille très élégante et jolie piétiner le dragon stupéfait de sa déconvenue. Elle est vêtue comme une jeune fille de qualité durant la Renaissance et elle porte une coiffe très distinguée. Sainte-Marguerite était vénérée par les femmes enceintes. Chercher pourquoi...
Reprenons la route en direction de la chapelle de Lettrée.
Cette chapelle de Lettrée date du XIIe siècle mais elle a été amputée de ses bas-côtés qui se dégradaient. L'on voit d'ailleurs de l'extérieur les arcatures restantes qui menaient aux bas-côtés. L"église diminuée suffisait amplement pour les vingt-cinq paroissiens fréquentant la chapelle.
Campée sur son petit promontoire, et entourée de son petit cimetière, elle paraît simple et un peu esseulée, mais une fois le seuil, franchi par la petite porte du bas-côté, l'espace est émouvant et le temps a dû s'arrêter longuement ici. L'intimité de ces lieux doit être ressentie par les visiteurs ayant la chance de visiter cette chapelle romane.
Une vierge à l'enfant datant du XIVe siècle, la plus ancienne statue médiévale de Champagne-Ardenne, est très touchante. Elle tient l'enfant debout sur sa cuisse gauche. Leurs regards se croisent et, ainsi, augmentent l'émotion de cette oeuvre archaïque au bon sens du terme, bien entendu.
Jeanne d'Arc aurait prié dans ce lieu avant de recevoir symboliquement les clés de la ville de Châlons, pour ensuite poursuivre le périple que l'on connaît .
Dernière étape de notre après-midi : L'église de Bussy-Lettrée à quelques lieues de la chapelle.
Cet édifice construit au cours des XIIe, XIVe, et XVIe siècles est très élégant. C'est la seule église halle à chevet plat de la région.
Elle est ornée à l'extérieur de deux portails : le portail ouest inclus dans cette belle façade romane, simple et harmonieuse à la fois, et le portail nord qui date du XVIe siècle avec un décor Renaissance.
L'architecture précédente n'est pas oubliée dans cette composition Renaissance. Grandes verrières, voûtes d'ogives et voussures sont encore existantes.
Ce portail est protégé par un porche.
Ce décor Renaissance s'inspire des ordres antiques et les grotesques, très en vogue, colonisent les portails de cette époque.
A la fin du XVe siècle, un jeune romain tomba dans un trou et s'écroula dans une sorte de grotte couverte de peintures étranges. D'où ce terme grotesques dérivé de grottes. En réalité ce jeune intrépide était tombé dans une des nombreuses salles qui composaient l'antique palais impérial de Néron, appelé La Maison Dorée. D'autres maisons patriciennes, ornées de peintures surprenantes, furent découvertes à l'époque et assimilées à des grottes, puisque enterrées.
Comme ceux de l'église de Dommartin-Lettrée, le portail et le porche sont habités de ces êtres hybrides, mi-hommes, mi-végétaux semblant se métamorphoser.
A noter qu'un des chapiteaux du portail du XIIe siècle est sculpté d'un être semblable à ces grotesques Renaissance. Un visionnaire notre sculpteur roman...
Sur le porche nord, le monogramme de Diane de Poitiers et d'Henri II est gravé en souvenir de leur passage incertain à Bussy... ou de l'amour que vouait son peuple au roi de France.
Entrons à l'intérieur . Nous sommes immédiatement surpris par l'espace et la lumière du lieu. Une certaine majesté se dégage de ces gros piliers et de ces voûtes richement sculptées et appareillées de nervures élégantes. Les clés de ces coûtes sont également richement décorées.
Les quelques chapiteaux existants décorent simplement, puisque aucune voûte ne repose sur eux, les arcs formerets s'encastrant directement dans le mur ou les piles.
Un magnifique retable en pierre meuble le chevet. Le Calvaire occupe le centre de l'oeuvre, à sa gauche est Le Portement de Croix et, à sa droite, la Résurrection. Une oeuvre admirable du XVIe siècle avec une perspective donnée par l'absence de remplissage des côtés du retable.
Des vitraux de qualité du XVIe siècle illuminent cet écrin et de remarquables oeuvres sculptées occupent l'espace : plusieurs vierges à l'enfant, un Saint-Sébastien et un personnage tenant un livre et une grappe de raisins, peut-être Saint-Vincent.
Monsieur Pierre Poupart, le maire de la commune, a pris la parole en cette fin de journée afin de nous expliquer les travaux de restauration de l'église.
L'édifice était fragilisé en soubassement car construit sur du remblai. Des travaux de soutènement ont été effectués, grâce à la volonté de l'équipe municipale et des habitants, afin de préserver ce joyau des affres du temps. Des interventions futures sont d'ailleurs programmées par le conseil municipal. Des carrotages et une grille dans le choeur sont prévus pour favoriser une meilleure aération de l'église.
Un grand merci à Monsieur Poupart pour son accueil chaleureux.
Vers 18h 00, nous avons pris congé de notre guide, Monsieur Jean Fusier, qui, avec sa verve et son érudition, a su nous passionner tout au long de cet après-midi.
A très bientôt pour d'autres aventures.
Très cordialement et merci à tous pour votre présence.
CL
Photographies : Michèle Jacquet, Claude Lafauche et Alain Seurat.
Reprenons la route en direction de la chapelle de Lettrée.
Cette chapelle de Lettrée date du XIIe siècle mais elle a été amputée de ses bas-côtés qui se dégradaient. L'on voit d'ailleurs de l'extérieur les arcatures restantes qui menaient aux bas-côtés. L"église diminuée suffisait amplement pour les vingt-cinq paroissiens fréquentant la chapelle.
Campée sur son petit promontoire, et entourée de son petit cimetière, elle paraît simple et un peu esseulée, mais une fois le seuil, franchi par la petite porte du bas-côté, l'espace est émouvant et le temps a dû s'arrêter longuement ici. L'intimité de ces lieux doit être ressentie par les visiteurs ayant la chance de visiter cette chapelle romane.
Une vierge à l'enfant datant du XIVe siècle, la plus ancienne statue médiévale de Champagne-Ardenne, est très touchante. Elle tient l'enfant debout sur sa cuisse gauche. Leurs regards se croisent et, ainsi, augmentent l'émotion de cette oeuvre archaïque au bon sens du terme, bien entendu.
Jeanne d'Arc aurait prié dans ce lieu avant de recevoir symboliquement les clés de la ville de Châlons, pour ensuite poursuivre le périple que l'on connaît .
Cet édifice construit au cours des XIIe, XIVe, et XVIe siècles est très élégant. C'est la seule église halle à chevet plat de la région.
Elle est ornée à l'extérieur de deux portails : le portail ouest inclus dans cette belle façade romane, simple et harmonieuse à la fois, et le portail nord qui date du XVIe siècle avec un décor Renaissance.
L'architecture précédente n'est pas oubliée dans cette composition Renaissance. Grandes verrières, voûtes d'ogives et voussures sont encore existantes.
Ce portail est protégé par un porche.
Ce décor Renaissance s'inspire des ordres antiques et les grotesques, très en vogue, colonisent les portails de cette époque.
A la fin du XVe siècle, un jeune romain tomba dans un trou et s'écroula dans une sorte de grotte couverte de peintures étranges. D'où ce terme grotesques dérivé de grottes. En réalité ce jeune intrépide était tombé dans une des nombreuses salles qui composaient l'antique palais impérial de Néron, appelé La Maison Dorée. D'autres maisons patriciennes, ornées de peintures surprenantes, furent découvertes à l'époque et assimilées à des grottes, puisque enterrées.
Comme ceux de l'église de Dommartin-Lettrée, le portail et le porche sont habités de ces êtres hybrides, mi-hommes, mi-végétaux semblant se métamorphoser.
A noter qu'un des chapiteaux du portail du XIIe siècle est sculpté d'un être semblable à ces grotesques Renaissance. Un visionnaire notre sculpteur roman...
Sur le porche nord, le monogramme de Diane de Poitiers et d'Henri II est gravé en souvenir de leur passage incertain à Bussy... ou de l'amour que vouait son peuple au roi de France.
Entrons à l'intérieur . Nous sommes immédiatement surpris par l'espace et la lumière du lieu. Une certaine majesté se dégage de ces gros piliers et de ces voûtes richement sculptées et appareillées de nervures élégantes. Les clés de ces coûtes sont également richement décorées.
Les quelques chapiteaux existants décorent simplement, puisque aucune voûte ne repose sur eux, les arcs formerets s'encastrant directement dans le mur ou les piles.
Un magnifique retable en pierre meuble le chevet. Le Calvaire occupe le centre de l'oeuvre, à sa gauche est Le Portement de Croix et, à sa droite, la Résurrection. Une oeuvre admirable du XVIe siècle avec une perspective donnée par l'absence de remplissage des côtés du retable.
Des vitraux de qualité du XVIe siècle illuminent cet écrin et de remarquables oeuvres sculptées occupent l'espace : plusieurs vierges à l'enfant, un Saint-Sébastien et un personnage tenant un livre et une grappe de raisins, peut-être Saint-Vincent.
Monsieur Pierre Poupart, le maire de la commune, a pris la parole en cette fin de journée afin de nous expliquer les travaux de restauration de l'église.
L'édifice était fragilisé en soubassement car construit sur du remblai. Des travaux de soutènement ont été effectués, grâce à la volonté de l'équipe municipale et des habitants, afin de préserver ce joyau des affres du temps. Des interventions futures sont d'ailleurs programmées par le conseil municipal. Des carrotages et une grille dans le choeur sont prévus pour favoriser une meilleure aération de l'église.
Un grand merci à Monsieur Poupart pour son accueil chaleureux.
Vers 18h 00, nous avons pris congé de notre guide, Monsieur Jean Fusier, qui, avec sa verve et son érudition, a su nous passionner tout au long de cet après-midi.
A très bientôt pour d'autres aventures.
Très cordialement et merci à tous pour votre présence.
CL
Photographies : Michèle Jacquet, Claude Lafauche et Alain Seurat.